Mallefougasse-Augès

Mallefougasse-Augès est situé au pied de la montagne de Lure, sur la route départementale D951, à 25 kilomètres de Forcalquier et à 20 kilomètres de Sisteron. Le nom des habitants de Mallefougasse-Augès est Fougassais.

Un village né au Moyen Age 

Le terroir de Mallefougasse trouve son origine au cœur de l’histoire médiévale de la Provence. Durant tout le Moyen Age, le terroir de Mallefougasse fut étroitement lié au diocèse de Sisteron dont les évêques, seigneurs spirituels de cette ville, prêtaient à tour de rôle serment de fidélité totale « hommage lige » aux comtes de Provence, en échange de quoi ils gardaient en gage le fief de Consonoves, alias « bosc croumpat », territoire de Mallefougasse à partir du XIXème siècle.

En grimpant au dessus du village, vous pourrez voir le chateau de Casenoves qui date des XVII° et XVIII° siècle.

L’église paroissiale Saint-Jean-Baptiste est un rare spécimen du premier art roman provençal, dont quelques parties ont été conservées. Elle est peut-être construite à l’initiative des moines de Saint-André d’Avignon, sur plan basilical. Par comparaison avec la chapelle Saint-Donat de Montfort, et malgré les changements importants opérés au XVIIe siècle, elle peut être datée du milieu du XIe siècle. Elle recèle de très belles fresques du XVIIe siècle, cachées sous des peintures du XIXe siècle. Les absidioles, minuscules, sont reliées à la nef par d’étroits passages voûtés.

Son clocher roman est inscrit depuis 1997 sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

L’église est proche du château de Consonoves (ou Consonaves), qui date des XVIIe et XVIIIe siècles. Il est construit sur l’emplacement d’une motte castrale datant du début du XIe siècle. Le bâtiment actuel date de 1551 (linteau d’une porte latérale), mais a subi des travaux conséquents au XVIIIe siècle. La façade compte un étage et un pignon, en bel appareillage de pierres plates. La terrasse permet d’admirer la vallée de la Durance et les Pénitents des Mées.

De très belles balades sont à faire autour du village, en particulier par la route pittoresque du Grand Vallat qui vous conduira jusqu’à la chapelle Saint-Donat.

Histoire

Dans l’Antiquité, le territoire de Mallefougasse-Augès fait partie de celui des Sogiontiques (Sogiontii), qui peuplent la montagne de Lure, en étant fédérés aux Voconces. Après la Conquête (campagnes de 125-124 av. J.-C.), ils sont rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIe siècle, ce peuple est détaché des Voconces et forme une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron).

Alors que le sud-est de la Gaule était une terre burgonde, le roi des Ostrogoths Théodoric le Grand fait la conquête de la région entre la Durance, le Rhône et l’Isère en 510. La commune dépend donc brièvement à nouveau de l’Italie, jusqu’en 526. En effet, pour se réconcilier avec le roi burgonde Gondemar III, la régente ostrogothe Amalasonthe lui rend ce territoire.

Au XIIIe siècle, l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon s’est fortement implantée dans le secteur, possédant simultanément les églises d’Augès, de Consonaves et de Mallefougasse.

De la fin du Moyen Âge à la Révolution française, les trois communautés villageoises (Augès, Consonoves et Mallefougasse) relevaient de la viguerie de Forcalquier.

Augès

Au XIIe siècle, l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon possédait les deux églises, haute et basse, d’Augès, dont le prieuré Saint-Georges d’Augès.

Augès est cité dans les chartes sous forme d’un castrum (lieu fortifié) entre 1225 et 1250. Il compte 62 habitants en 1765.

Consonoves

Le village le plus ancien serait situé à Consonoves : une motte castrale y est présente dès le XIe siècle (dite Consonavis à ce moment). Ce castrum s’élevait en limite ouest du territoire actuel de Mallefougasse-Augès, à 719 m d’altitude. Il en subsiste des vestiges permettant d’apprécier sa puissance, pour une fortification de cette époque : mur d’1,40 m d’épaisseur, protégeant une plate-forme de 250 m2 environ, et renforcé d’une tour. Cité une unique fois en 1045, il a pu être construit à la fin du Xe siècle. Centre administratif, probablement situé sur un itinéraire de Sisteron à Apt, c’est Consonoves qui concentre la majeure partie de la population du secteur au Moyen Âge, Mallefougasse et Augès étant des villages secondaires.

Au XIIe siècle, l’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon possédait l’église de Consonoves, et en percevait les revenus. Le seigneur était le comte de Provence, jusqu’à la fin du XIIIe siècle. En 1296 il cède le droit d’albergue à l’évêque de Sisteron. Mais dès le XIIIe siècle, c’est l’abbaye de Cruis qui contrôle le territoire. Au siècle suivant, elle possède le castrum. Tout au long du Moyen Âge, des conflits opposent l’abbaye, propriétaire des forêts, aux Sisteronais, qui viennent s’y fournir pour leurs différents usages (chauffage, construction, ameublement, etc.). En 1266, une sentence limite leur usage à la collecte de bois de chauffage, et quatre gardes sont recrutés pour en surveiller l’application. Les défrichements sont aussi interdits à l’abbaye de Cruis. Finalement, en 1436, les bois de Consonaves et de Bois-Crompat sont cédés à Sisteron, tandis que l’abbaye gardait les droits de justice et les terres arables.

En 1391 ou 1392, dans le contexte de la guerre de l’Union d’Aix, le castrum de Consonaves est détruit. Le site est indiqué comme déserté en 1400, et le reste jusqu’à la fin de la guerre de Cent Ans. Bien que réoccupé, il ne retrouve pas son ancienne importance : à la veille des guerres de religion, les fortifications sont toujours en ruines, et seules « six granges » (six fermes) sont habitées.

Au XVIe siècle, c’est la ville de Sisteron qui est seigneur du lieu.

La version sur la situation géographique de Consonoves est fortement remise en cause par les documents originaux trouvés par l’association Au pied du mur de Mallefougasse. En effet dans un document de 1776 signé au château de Consonoves entre Consonoves et Mallefougasse concernant les frais à payer par les habitants de Consonoves pour l’entretien de l’église, (ces derniers ne participent en rien à l’entretien de l’église de Mallefougasse), on trouve les noms des signataires au nom de Consonoves, noms que l’on retrouve dans les recensements aux hameaux de Chapelet, la Grange et les Buissières.

Mais le document le plus intéressant c’est une visite durant trois journées du terroir de Consonoves les 6,7 et 8 novembre 1721 par des estimateurs, à la demande de la Marquise Anne Daveussian, (représentée par le Sieur Giraud-Gaubert) veuve de Jean-Joseph Antoine de Glandevès Chevalier et Marquis de Niozelles, Seigneur de Pierrerue et Consonoves ses dépendances et autres places. Ce document retranscrit la visite des estimateurs pour évaluer les dégâts occasionnés par les cochons et les chèvres des habitants de Mallefougasse dans les chênaies de Consonoves, dont voici quelques détails: « au septentrion la route de Forcalquier à Sisteron, au levant la commune de Montfort, au midi la commune d’Augès et au couchant la commune de Mallefougasse les détails de cette visite permettent aussi de situer l’emplacement de l’église de Consonoves (ou il y a une vieille masure qui était autrefois l’église de Consonoves) » Consonoves se situe donc à l’est de Mallefougasse.

Mallefougasse

La localité de Mallefougasse appartient aux vicomtes de Sisteron jusqu’en 1045. La motte est d’abord partagée entre l’abbaye Saint-Victor de Marseille et les chanoines de Forcalquier, puis est donnée à l’abbaye Saint-André-de-Villeneuve-les-Avignon (1118).

L’abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon possédait le prieurés Saint-Jean-Baptiste de Mallefougasse. L’église de Mallefougasse passe à l’abbaye de Cruis et enfin est rattachée avec cette abbaye à l’évêché de Sisteron, qui perçoivent les revenus attachés à cette église.

La communauté de Mallefougasse est complètement inhabitée au XVe siècle, et le village recréé dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.

En 1807, le village de Consonoves (8 bastides habitées en 1698 et 56 habitants en 1806) est rattaché à Mallefougasse. Une placette derrière l’église en perpétue le souvenir.

Le coup d’État du 2 décembre 1851 commis par Louis-Napoléon Bonaparte contre la Deuxième République provoque un soulèvement armé dans les Basses-Alpes, en défense de la Constitution. Après l’échec de l’insurrection, une sévère répression poursuit ceux qui se sont levés pour défendre la République : 22 habitants de Mallefougasse sont traduits devant la commission mixte, la majorité étant condamnés à la déportation en Algérie.

Comme de nombreuses communes du département, Mallefougasse se dote d’une école bien avant les lois Jules Ferry : en 1863, elle en possède déjà une qui dispense une instruction primaire aux garçons, au chef-lieu. Aucune instruction n’est donnée aux filles : ni la loi Falloux (1851), qui impose l’ouverture d’une école de filles aux communes de plus de 800 habitants, ni la première loi Duruy (1867), qui abaisse ce seuil à 500 habitants, ne concernent Mallefougasse, et ce n’est qu’avec les lois Ferry que les filles de Saint-Lions sont régulièrement scolarisées. Quant à Augès, la commune n’ouvre d’école qu’avec les lois Ferry.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, la vigne était cultivée dans les communes de Mallefougasse et d’Augès. Le vin produit, de qualité médiocre, était destiné à l’autoconsommation. Cette culture est aujourd’hui abandonnée. De la même façon, la culture de l’olivier, pratiquée sur de petites surfaces au XIXe siècle, jusqu’à l’altitude de 600 mètres, exceptionnellement jusqu’à 700 mètres, a aujourd’hui disparu.

En 1973, la commune d’Augès en voie de désertification fusionne avec Mallefougasse, la nouvelle commune prenant le nom de Mallefougasse-Augès. Cependant, répondant aux désirs des propriétaires des terrains, la plus grande partie du territoire de la commune, dont l’ancien chef-lieu, est rattachée à Peyruis en 1975, Mallefougasse-Augès ne conservant finalement que 111 hectares de l’ancienne commune dont elle porte le nom (situés dans le ravin des Gachen).

TOPONYMIE

les plus anciens documents mentionnent ce village sous sa forme latinisée : MALAFUGACIA. Ce nom apparaît dans les chartes ecclésiastiques attribuant l’église Saint Jean Baptiste, ainsi que les églises d’Augès, à l’abbaye Saint André de Villeneuve lès Avignon. Il s’agit des bulles et privilèges des Papes Gélase II (1118), Innocent II (1143), Alexandre III (1178) qui se copient et mentionnent toutes MALAFUGACIA.

Fugacia, qui à l’époque de la rédaction des chartes (début du XIIe siècle) désignait un lieu sauvage, réservé au gros gibier (voir plus bas dans ce texte) a été confondu par la suite avec Focacia > Fougasse, pain cuit sous la cendre : Mala focacia en 1274, cité par Louis Pelloux d’où le nom, peut-être ironique, mentionné par le même Pelloux pour 1218: Malo tortello = mauvais gâteau.

Le dictionnaire Ducange (Glossarium mediae et infimae latinitatis), donne pour Fugacia, la définition suivante (traduite car le dictionnaire est rédigé en Latin)  « Portion de campagne réservée aux cerfs et aux bêtes sauvages, sans aucune clôture, gérée non pas par les lois forestières, mais par ses propres privilèges, terrain de chasse ». Ce même dictionnaire donne à l’appui de cette définition un exemple tiré de la charte de Mathilde 1ère, impératrice, par laquelle elle éleva Milon de Gloucester au rang de Comte d’Herford : « Je désire que tous les biens susmentionnés qu’il tenait de moi [il puisse en jouir] librement et paisiblement, dans les bois et dans la plaine, dans les forêts et dans les terrains de chasse, dans les prés et les pâtures… (in forestis et fugaciis, in pratis et pasturis) »

Cette référence donnée par l’ancien mais excellent dictionnaire Ducange, dictionnaire du bas latin et du latin médiéval, est précieuse car l’impératrice Mathilde a vécu de 1102 à 1167, c’est-à-dire exactement à l’époque où les papes Gélase II, Innocent II et Alexandre III faisaient don de l’église de Mallefougasse à l’abbaye Saint André de Villeneuve. (chartes de 1118, 1143, 1178)

Le sens attribué par le scribe au nom du prieuré était donc « Mauvais terrain de chasse au gros gibier ». Rien à voir avec le pain à ce moment-là ! La confusion entre fugacia = terrain de chasse et focacia= fougasse s’est produite plus tard. Mais cela ne signifie pas que ce sens soit conforme au nom véritable du lieu. La forme Malafugacia est en effet à rapprocher d’une longue série de toponymes provençaux commençant par la même racine ou ses variantes (man-, mar-, etc.) : Malijai, Mallemoisson, Malaucène, Malaussène, mais aussi Manosque, Mane, Mandelieu, etc.. Charles Rostaing écrit : « Le sens généralement admis est « montagne ». Toutes les localités ainsi nommées sont situées dans des régions montagneuses. »

Le nom de ce village pourrait se rattacher à cette racine, mais dans ce cas il reste à expliquer l’autre composante (de même époque prélatine) qui a été interprétée par le latin Fugacia. Et faute de document cette recherche est pour l’heure impossible : dans quelle langue ce nom a-t-il été créé ?

Un autre rapprochement pourrait se faire avec MALGA, toponyme fréquent dans l’Italie alpine, surtout dans les Dolomites, et qui désigne un territoire d’altitude consacré à l’élevage laitier. Mais là aussi il faut être prudent.

Enfin dernière éventualité : le recours au terme Mallus, Mallum. À l’époque franque ce terme désigne un tribunal siégeant en plein air et jugeant des affaires mineures. Il se tenait sur des espaces découverts, au centre des territoires, ou à proximité des grands carrefours, sous la présidence du comte ou de son représentant. Cette pratique est à l’origine de quelques noms de lieux : Mallemort, La Malle (près de Bouc bel Air30. Bien que le terroir de Mallefougasse ne semble pas propice à l’établissement d’un tel tribunal, ce n’est pas non plus une hypothèse à rejeter. Il faudrait cependant en trouver des traces dans les annales, ce qui n’est pas le cas actuellement.

De toutes façons cela ne pourrait expliquer que le début du nom. La fin risque de rester mystérieuse longtemps encore.

En conclusion, comme souvent en toponymie, il est difficile de donner avec certitude une explication au nom de notre village. La version que nous donnent les chartes pontificales : MALAFUGACIA = mauvais terrain de chasse a le mérite de donner un sens plausible, à la différence des explications faisant allusion au pain, mais repose sur l’idée que le terme MALA est latin, ce qui est probablement inexact. Il faudrait disposer de documents plus anciens pour pouvoir formuler une hypothèse acceptable.

Anciennes communes :

    Augès, anciennement de Augeto (1274) de alvea (creux) augmenté du suffixe -ensem.

    Consonoves signifierait « maison neuve ».

Retrouvez les détails des informations : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mallefougasse-Aug%C3%A8s

Vous pouvez retrouver l’histoire du village en suivant ce lien : http://mallefougasse.chez-alice.fr/documents/histoire.html