Cruis

Cruis est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence en région Provence-Alpes-Côte d’Azur à 711 m d’altitude, au pied de la montagne de Lure.

Les habitants sont les Cruissiens .

Lieux et monuments

L’église paroissiale Notre-Dame-et-Saint-Martin est l’ancienne église d’une abbaye de moines augustins. Elle conserve quelques arcades du cloître, datant de la fin du XIIIe siècle. La nef est restée romane (peut-être du XIVe siècle), le bœuf de saint Luc est réutilisé dans la façade. Le chœur est du XVe siècle. Les chapiteaux de la façade sont à un tournant dans l’évolution des formes décoratives, au début du XVIe siècle, les crochets de la période précédente devenant des feuillages. L’église et les arcades du cloître (construit au XIVe siècle) sont inscrites à l’inventaire des monuments historiques. Dans son mobilier, plusieurs pièces sont classées :

    le très grand autel avec son immense retable du XVIIe siècle, en bois couvert de dorures, avec un antependium (devant d’autel) en cuir de Cordoue peint et repoussé, du XVIIe siècle (classé au titre objet) est signalé comme un ensemble « de toute beauté ». Il fait 6,2 m de large sur 7 m de haut : outre la partie centrale et les deux parties latérales, il comporte aussi deux ailerons et est recouvert de 4000 feuilles d’or ;

    le tableau du Baptême du Christ, est une œuvre de Monticelli1 qui a peint aussi une toile représentant l’intérieur de l’église avec le retable ;

    la crèche remonte au milieu du XIXe siècle : les treize santons de 60 cm de haut sont classés ;

    une fontaine de sacristie, en faïence de Mane, du XVIIIe siècle

    une sculpture : un bœuf ailé du XIIe siècle

    un chapiteau du XIIe siècle

    un bas-relief : les obsèques d’un moine du XIVe siècle

Parmi les autres œuvres:

    une Descente de Croix, attribuée à Nicolas Mignard par L. Aubanel, restaurée par Martin Cadenet en 1845 et par Jean Bouchet peintre restaurateur des Musées de France et des Monuments Historiques ;

    un tableau représentant Marie-Madeleine : l’original est exposé dans la chapelle de gauche, et la copie est sur le retable. L’original est peint sur les deux faces. Ce tableau est découvert à l’occasion du remplacement des vitraux du chœur. Le dos du tableau représente un évêque regardant un soleil au pied d’un autel. L’œuvre au dos, appelée L’Évêque au soleil noir, date comme la Marie-Madeleine de la fin du XVIIIe siècle. Le personnage représenté sur le tableau est identifié comme étant saint Denys l’Aréopagite par Régis Bertrand de l’université de Provence. C’est en tout cas l’unique toile représentant cette scène, qui figure sur deux vitraux, l’un à Bourges l’autre à Chartres et des fresques à Aurons dans les Alpes-Maritimes;

    une huile sur toile : Retour de la Saint Famille de Jérusalem par L. Albanel (1861).

À l’est du village, se trouve la chapelle Croix-de-Lumière, construite en 1682.

Il reste des vestiges du moulin à roue à eau des moines chalaisiens. Il se trouve un pigeonnier dont la particularité est un pignon incurvé.

La pierre de Cruis a été mise au jour à la limite de la commune de Montlaux, sur une éminence où se trouvent également quelques tombes médiévales. C’est un bloc de grès qui mesure 90 cm sur 90, elle est ornée d’un demi-cercle au centre, et de quatre figures animales dans les angles (un aigle et un lion à visage humain en haut, un basilic et un agneau (disparu) en bas). D’après l’inscription (Horologio) et le trou central qui a pu accueillir un style, la Pierre est souvent interprétée comme un cadran solaire. Si cela se révélait exact, ce serait un des très rares cadrans solaires médiévaux (ceux des cathédrales de Strasbourg et de Chartres datant du XVIe siècle). Cette utilisation n’est pas certaine : l’ornement semi-circulaire, plutôt que de servir à indiquer l’heure, a pu simplement servir de symbole du temps qui passe. Elle peut dater du XIe ou du XIIe siècle.

Blasonnement :

« D’azur à un saint vêtu pontificalement, la mitre en tête, tenant de sa main senestre une crosse, et levant la main dextre, comme pour donner la bénédiction, le tout d’or ».

Toponymie

Le nom de la localité apparaît pour la première fois dans les textes vers 1060-1064 sous la forme Crois castrum, puis sous la forme de Crossio vers 1200 et Crueys au XVIe siècle.

Il existe deux hypothèses principales sur l’étymologie de ce toponyme, qui reposent toutes deux sur un étymon gaulois :

La toponymie de la commune est souvent en rapport avec la nature du relief : les cols (Pas de la Graille, Pas de la Croix), le Grand Peynier (« montagne noire »), la Grande Plaine (qui désigne une zone relativement plane, en zone de montagne), les combes de Chabrière, de l’Ours, de Russelle qui sont en montagne de Lure des vallées encaissées (sens différent du sens commun).

Histoire

Dans l’Antiquité, le territoire de Cruis fait partie de celui des Sogiontiques (Sogiontii), qui peuplent la montagne de Lure, en étant fédérés aux Voconces. Après la Conquête, ils sont rattachés avec eux à la province romaine de Narbonnaise. Au IIe siècle, ce peuple est détaché des Voconces et forme une civitas distincte, avec pour capitale Segustero (Sisteron).

Une voie traversait Cruis à l’époque romaine en direction de Mallefougasse, une portion de 10 m de large est visible à Notre-Dame-de-Lumière. C’est sur cette voie qui continue d’être utilisée au Moyen Âge qu’un péage est prélevé et c’est à la présence de cette importante voie de passage que Cruis doit d’être implantée en plaine et non sur un site perché depuis le Moyen Âge.

À la limite de la commune de Montlaux, une pierre de grès, dite la « Pierre de Cruis », inscrite (horologio) et ornée d’animaux (aigle, lion, basilic et agneau porteur de croix) aux angles, a été découverte au milieu de tombes médiévales.

La présence d’une abbaye entraîne la création d’un village dès les alentours de l’An Mil, décrit comme fortifié dès 1060. Les maisons s’organisent autour des bâtiments du couvent. La communauté villageoise n’avait pas de seigneur laïc : l’abbaye était seigneur ecclésiastique du lieu et gérait la communauté. La congrégation des chanoines réguliers de Cruis est fondée au XIe siècle, l’abbaye Saint-Martin en étant le centre. Prospère, elle compte à son apogée 14 églises sous sa dépendance dans le diocèse de Sisteron. Mais la crise de la fin du Moyen Âge (Grande Peste et guerre de Cent Ans) provoquent son effondrement, effectif en 1456. Le long conflit qu’elle eut avec les évêques de Sisteron à propos du privilège d’exemption, est clos par le rattachement de l’abbaye à la mense de l’évêque de Sisteron (en 1456). L’évêque y installe sa deuxième résidence.

Administrativement, la communauté de Cruis relevait de la viguerie de Forcalquier et l’abbaye Saint-Victor de Marseille possède des biens à Cruis

Le coup d’État du 2 décembre 1851 commis par Louis-Napoléon Bonaparte contre la Deuxième République provoque un soulèvement armé dans les Basses-Alpes, en défense de la Constitution. Après l’échec de l’insurrection, une sévère répression poursuit ceux qui se sont levés pour défendre la République : 17 habitants de Cruis sont traduits devant la commission mixte, la majorité étant condamnés à la déportation en Algérie.

Comme de nombreuses communes du département, Cruis se dote d’une école bien avant les lois Jules Ferry : en 1863, elle en possède déjà une qui dispense une instruction primaire aux garçons, au chef-lieu. La même instruction est donnée aux filles, bien que la loi Falloux (1851) n’impose l’ouverture d’une école de filles qu’aux communes de plus de 800 habitants.

pour en savoir plus sur Cruis : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cruis

La Rochegiron

Faisait partie du diocèse de Sisteron et de la viguerie de Forcalquier, aujourd’hui dans le canton de Banon. La commune, de 3011 hectares, s’étire sur les pentes sud de la montagne de Lure au nord de la commune de Banon. Les principaux habitats sont situés au sud du territoire à l’altitude moyenne de 800-900 mètres, alors que l’extrémité nord parvient au sommet de la montagne qui est franchit par le Col de la Roche (1314 m). Malgré son étendue la commune n’a jamais dépassé les 325 habitants (1851).

397. L’église Saint-Jean à Vière

Le nom de La Rochegiron apparaît avec l’église quand celle-ci est citée en 1274, ecclesia de Rochagiron (Pouillés, p. 116). Le GCN, au XIVe siècle, la fait dépendre du monastère de Ganagobie avec un prior de Rocha Gironis (GCN I, Inst. col. 472). Elle était sous le titre de saint Jean et située au lieu-dit nommé aujourd’hui Vière, village formé lors de l’enchâtellement. Une visite pastorale du 18 juin 1859 la cite comme chapelle rurale et comme étant l’église anciennement paroissiale de l’ancien village, nous n’avons pu la visiter, la toiture exigerait des réparations urgentes. Encore citée en 1863 et 1866, elle est déclarée interdite en 1871 (2 V 86). R. Collier décrit ainsi ce qui subsiste de cette église : son état de ruine provient surtout de ce que l’on y a puisé des pierres pour le cimetière attenant. Il subsiste principalement le chœur à chevet plat, avec un arc triomphal à double rouleau, à impostes à méplat et quart-de-rond et le clocher-tour, en moellon avec chainages d’angle, portant la date de 1559. Le choeur, en assez joli appareil, indique la fin du XIIe siècle (p. 143-144).

398. Eglise du Saint-Nom de Jésus

Cette église est située près du hameau du Jonquet et on fait remonter sa construction au XVIIIe siècle. C’est ce que fait constater R. Collier : l’église ayant pour patron saint Pancrace et pour titulaire le Saint Nom de Jésus, porte diverses dates : 1890 (porte d’entrée), 1884 (clocher-tour collé contre l’abside), 1717 (pierre d’angle à l’extérieur). Cette église possède une nef de deux travées à lourdes voûtes d’arêtes, et portant sur d’épais massifs formant pilastres. Le chœur est une grande travée carrée à voûte d’arêtes et dont la partie antérieure s’incurve en abside, peut-être vestige d’une église précédente (p. 222-223). L’inventaire du 12 mars 1906 apporte d’autres précisions : l’église située au lieu-dit « la chapelle » provient de l’ancienne chapelle construite en 1717 qui a formé la nef. Le clocher et le chœur ont été construits par la commune et sont d’origine beaucoup plus récente (1 V 67). D’après ces données, il apparaît que cette église a été construite sur une chapelle portant la date de 1717, mais R. Collier pense qu’elle peut avoir été élevée sur une autre plus ancienne. Son orientation à 45° n’incite pas à la dater de la période romane. C’est près d’elle qu’est situé le cimetière de la paroisse après l’abandon de celui de l’église de Vière.

399. Eglise Saint-Pancrace

C’est la deuxième église de la paroisse et est située dans le village. Elle est dédiée à saint Pancrace. Féraud ajoute qu’elle porte le millésime de 1517. Nos renseignements s’arrêtent là.

400. Chapelle Saint-Pancrace

Le patron attesté de la paroisse est saint Pancrace. Or, il existe tout au sud de la commune un hameau appelé St-Pancrace. Si le cadastre napoléonien de 1839 et les cartes modernes ne signalent aucun édifice, par contre la carte de Cassini indique une chapelle en état dans le hameau du même nom. Le fait que ce saint soit le patron de la paroisse indique son antériorité sur les autres. Il se pourrait qu’il soit le saint le premier vénéré. C’est un cas « classique » de garder comme protecteur le titulaire de la première paroisse.

À propos de l’auteur : Daniel Thiéry source https://delfabbro.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=264:la-rochegiron&catid=14:notices-communales-04&Itemid=131 )


Ruines de l’église de Vière

Au-dessus du village, la tour d’un moulin à vent de 1806 est encore debout.

L’église du Saint-Nom-de-Jésus a été construite par le curé au XVIIIe siècle, tandis que l’église Saint-Pancrace (1717) recèle une abside en cul-de-four.

Un oratoire de 1677 a été construit contre un puits placé dans un édicule

Les ruines du village Vières sont un des éléments remarquables de la commune. L’église est construite à la fin du XIIe siècle, et remaniée en 1559 ; il en subsiste le chœur à chevet plat et la tour du clocher, et une partie du mur sud.

Véronique PAGNIER